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lundi 10 octobre 2011

Le fédéralisme pour les nuls

Réaction au billet Pourquoi il faut sortir de la monnaie unique? du blog Gaulliste libre. L'auteur a raison de montrer les déficiences de l'euro, ce que nous faisons aussi (cf notre feuilleton Eurobscurantisme). Mais qu'elle simplisme dans la manière d'approcher les solutions! Ci-dessous un extrait:
En quoi une plus grande intégration permettrait de relancer la croissance de la Grèce et de l’Italie [...]?
Aidons le avec de la pédagogie.

Premier point, regardons le Canada et les Etats-Unis, y voit-on la pétaudière des dirigeants de l'euro? Non, alors on peut déjà commencer à faire comme eux en ayant un gouvernement de la zone euro (ou de l'UE).

Deuxième point, pour reprendre l'analogie de Chevènement, il ne s'agit pas de sauter de l'avion (la monnaie unique) pour s'aplatir comme une crêpe à la réception au sol. Mais simplement se rendre compte qu'un avion doit avoir une gouverne de direction, mais aussi des volets mobiles sur les bords de fuite des ailes, actionnables du poste de pilotage. Ça s'appelle des ailerons. Dans le cas de la zone euro, la gouverne c'est la politique monétaire (nous l'avons). Quant aux ailerons c'est le budget fédéral. Nous ne l'avons pas. Pas étonnant que le vol soit si scabreux! C'était vu avant même que l'euro ne prenne son envol, mais ceux qui étaient aux commandes s'étaient convaincus du contraire (suffisance?). Cf le billet Discours de Dublin, en 2004. La suite de l'extrait:
 [... la Grèce et l'Italie] qui souffrent du libre-échange et d’une monnaie beaucoup trop chère par rapport à la compétitivité de leur économie, y compris au sein de l’UE ?
Et alors, L'euro n'est pas dévaluable? C'est une question de volonté politique. Lorsqu'on saura qui pilote l'avion ce sera déjà plus facile de le lui demander ...

* * * 

Ce que nous avons écrit dans le dernier paragraphe est un peu simplifié. Ce qui suit s'adresse donc au lecteur qui se sent suffisamment à l'aise pour approfondir le raisonnement (0). Dans un premier temps le chef de l'euro pourrait essayer de convaincre nos partenaires commerciaux de jouer franc jeu. L'UE (ou seulement la zone euro) étant le marché le plus important du monde, c'est un levier de négociation très puissant. Dans un deuxième temps, ce serait à la BCE d'intervernir sur les marchés pour peser sur le cours de l'euro. La BCE est indépendante, et peut choisir d'en décider autrement. Dans la pratique, alors qu'elle n'a aujour'dhui aucune institution de poids pour la contrebalancer, ce serait différent avec un gouvernement de la zone euro.

* * *

Sur la question de la volonté politique de dévaluer, et plus généralement, sur le commerce juste,  ce n'est pas un secret que la commission européenne a toujours priviliégié un laisser fairisme inspiré par le dogme plutôt que l'analyse dénuée de préjugé (1). Dans une structure fédérale, ou s'en rapprochant (2), la commission serait intégrée gouvernement (3). On est donc en droit d'espérer une nouvel état d'esprit, plus proche des préocuppations de la communauté des peuples européens (4).

Accessoirement, notons que même dans les cercles universitaires traditionnellement gardiens d'un libre-échange inconditionnel, le vent tourne. Cf La cassure de 2001, d'un blog associé.

(0) C'est un brin d'ironie à l'intention de l'auteur du blog Gaulliste libre, que nous lisons avec plaisir malgré nos différences. On espère que c'est de bonne guerre. (1) En pleine crise de l'euro, Pascal Lamy prêchait encore un euro fort, pour importer plus! (2) Certains parlent de confédaration. Le gouvernement pourrait ne pas être élu au suffrage universel direct, mais par les chefs de gouvernements des pays membres etc., le temps que les mentalités s'acclimatent à l'idée du fédéralisme... (3) Cf le point de vue du Monde de Michel Barnier intitulé J'appelle à désigner un ministre européen de l'économie et des finances de Juin 2011. (4) ou du peuple européen, pour ceux qui considèrent qu'ils ne font qu'un eu égard à notre héritage culturel et aspirations communs.

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