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jeudi 25 août 2011

Un banquier bavard analyse la crise de l'euro

Notre billet J-C Trichet : discours de Dublin, en 2004 traitait d'un certain travers idéologique persistant de la part de la BCE. Il en est un autre, qui lui est cousin, qui est d'imputer la dégradation des finances publiques au laxisme budgétaire. Un expert qui nous semble particulièrement représentatif de cette rigidité est un certain banquier d'affaire.

Dans son billet JC Trichet et la BCE doivent garder le cap, on pouvait lire:
Les déficiences de l’Eurozone viennent d’une non-application par les Gouvernements du pacte de stabilité qui accompagnait le traitée de Maastricht, d’une absence d’intégrité de certains Etats, et sont de nature budgétaire, pas monétaire. Cette responsabilité est, dans l’Eurozone, celle des Ministres des Finances.  
L'Irlande, dont l'«intégrité» n'est pas en cause, et qui pouvait se targuer de vertu budgétaire avant la crise, est un contre-exemple cinglant. Les chiffres sont dans l'annexe du billet J-C Trichet: discours de Dublin en 2004, mais on pourrait aussi citer Paul Krugman:
But more seriously, let’s look at the full list of countries that got into trouble because of high debts accumulated before the crisis, as opposed to those that have developed large deficits as a consequence of the crisis. Here’s the full list:
Greece

Spain and Ireland had low debts and budget surpluses on the eve of the crisis. The US financial crisis represented a collapse of confidence in private debt, not public debt.
Il n'en est pas à son coup d'essai. Interrogé en Janvier 2011 par un journaliste belge sur le lien de causalité entre la crise de 2008 et la crise grecque, il laissait entendre que la dégradation des finances publiques était imputable au laxisme des gouvernements, non pas la financiarisation de l'économie (seulement un symptôme), l'état grecque n'étant que le maillon «le plus faible» et donc le premier à se rompre. Songeons que aux Etats-Unis, l'organisme en charge de prévoir le budget prévoyait un accroissement de 40% de la dette publique en conséquence directe de la crise financière, cf ici.

Enfin, l'universitaire belge, Paul De Grauwe, dans son billet Fighting the wrong enemy que la dette publique à 65% du PIB, dans la zone euro avant que ne survienne la crise financère, était comparable à celle des Etats-Unis, et aurait été gérable si ce n'est pour l'absence de budget fédéral.

Puisque l'auteur se montre très sévère envers l'inaction des dirigeants de l'euro, parfois de façon incantatoire, il devrait d'abord s'appliquer à affiner le diagnostic s'il souhaite élever le débat.

Annexe:

Interrogé par un journaliste Belge sur le lien de causalité entre la crise de 2008 et la crise grecque, le banquier répond en Janvier 2011:
Vous savez le gvt grecque n’a pas du soutenir les banques grecques pour les actifs toxiques! Les banques grecques ne sont pratiquement pas actives aux Etats Unis ou en Angleterre. Non, non, nous vivons au dessus de moyens, nos gouvernements financent des pensions qu’ils ne pourront plus financer, une sécurité sociale qu’il ne pourront plus financer, et on est arrivé à la limite. On savait parfaitement qu’un jour ou l’autre ça allait arriver. C’est arrivé, dans les maillons les plus faibles.
Le Journaliste:
C’est un élément déclencheur. Enfin c’est comme une petit explosion qui a fait pété le reste?
Le banquier:
C’est une petite explosion qui l’avantage de ne pas mettre en cause l’ensemble du dispositif. Parce que qd même la grèce ce n’est que 300 Milliards d’euros, donc on n’est pas dans un situation catastrophique. Même si on aurait bien fait d’éviter ce genre de crise, ça a l’avantage de mettre en évidence un certain nombre de problèmes structurels qu’on refusait de regarder. La façon dont les banques fonctionnent, sur la réglementation, et sur toute une série de sujets. Et donc quelque part, même si on aurait bien fait d’éviter ce genre de crise ça a l’avantage de mettre en évidence un certain nombre de problèmes structurels qu’on refusait de regarder.
Journaliste:
Donc ça veut que l’Europe n’est pas victime de la financiarisation de l’économie, mais sont victimes de leurs propres problèmes?
Le banquier:
Le problème de la dette européenne est une problème socio-économique… qui se traduit par la finance, parce que nous résolvons nos problèmes socio-économiques en nous endettant. Ce n’est pas la finance qui est la cause. Et c’est la raison pour laquelle les gouvernements sont intervenus, parce qu’ils n’étaient pas totalement absents des causes de la crise.
Autres citations de PK: 


Euro Zone Death Trip, 25 Septembre 2011:
Is it possible to be both terrified and bored? That’s how I feel about the negotiations now under way over how to respond to Europe’s economic crisis, and I suspect other observers share the sentiment. [...] But they don’t seem at all ready to acknowledge a crucial fact — namely, that without more expansionary fiscal and monetary policies in Europe’s stronger economies, all of their rescue attempts will fail.
Math is Hard, Euro Edition, 27 Septembre 2011:
C'est fou ces dirigeants et experts européens qui s'obstinent à penser que la crise de l'euro est le résultat d'une application laxiste du pacte de stabilité et de croissance.

L'Irelande et l'Espagne étaient des paragons de vertu budgétaire jusque qu'à ce que la crise se déclare.

L'obscurantisme triomphe.
Defeatism, 30 Septembre 2011:
A recession in Europe looks more likely than not; and the question for the United States is not whether a lost decade is possible, but whether there is any plausible way to avoid one.
Eurotrashers, Paul Krugman, 7 Octobre 2011:
Kantoos has a righteous rant about the ECB, and the destructiveness of its tight-money obsession. He’s right: if the euro cracks up, the ECB will bear a large share of the blame.


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